jeudi 13 août 2009

Jour J - 2

Ça y est. Bientôt, il restera moins de 10 heures à être assis devant un ordinateur à me dire qu'es que je fais la. J'ai commencé à travailler ici en janvier 2004 en tant que stagiaire en informatique. Il ne me restais que mes stages à faire afin d'avoir mon bacc. Je n'avais pas vraiment des bonnes notes avec mon C de moyenne, bref tout juste pour continuer mes études selon les standards de mon département.

Par contre, j'avais eu une bonne entrevue avec mon futur patron. Tellement qu'il m'avait clairement indiqué que j'avais la job si je la voulais après l'entrevue. J'étais excité! J'aurai peut-être dû mieux écouter mon subconscient à l'époque car à peine quelques mois plus tard, j'étais assis devant mon écran, les larmes aux yeux, à me répéter que j'étais un incapable à cause que cela faisait plusieurs jours que j'étais pris avec le même bogue. Malgré tout, mon patron était satisfait de mon rendement. Tellement satisfait qu'il me proposa un emploi à temps plein. Je passais d'un salaire de 9.50$ à 19.50$ environ dans le temps de le dire! De plus, j'avais le statut le plus enviable qu'on puisse avoir : SNS, syndiqué non syndicable! Je suivais donc la convention collective sans la payer! Ce qui fait que j'avais 4 semaines de congé par année, plus de 10 jours de maladie payé par année, les assurances et le plus beau, une augmentation assuré d'environ 0.5% au 6 mois sans être obligé d'aller voir mon boss. J'étais tellement rendu à l'aise que je me suis même payé un mois de congé sans solde pour faire le tour de la France en septembre 2004, tout seul, comme un grand! Un autre de mes rêves de fait.

Pendant un certain temps, ça a suffit à me faire sentir heureux. En fait, je croyais être sur la bonne voie. J'avais un "plan de vie" en tête depuis l'université et peut-être même le CEGEP. Je finissais mon BACC le plus rapidement possible, j'attendais un an après avoir commencé à travailler pour déménager en appartement pour avoir un peu d'argent de côté. À l'université, je m'achetais une vieille voiture, ensuite une neuve dans le genre de la Yaris et cinq ans plus tard, j'aurais probablement assez d'argent pour m'acheter une Audi, le rêve!

Mais en mai ou juin 2005, un ami proche me demande si j'ai envie de remplacer notre autre bon chum à l'appart. Au début je refuse mais en fin de compte, en juillet 2005, je suis maintenant en collocation!

Mais je me rend compte bien assez vite que d'avoir de l'argent, ce n'est pas gage de bonheur. J'ai beau répété à qui veut bien l'entendre que je me fais chier le jour (travail) pour avoir du fun le soir (sortir avec les potes) mais personnes d'autres que moi y croit vraiment. En fait, c'est probablement l'une de mes caractéristiques de cette deuxième portion de la première décennie de l'an 2000. Je me compte des crosses à moi-même et j'y crois.

À un certain moment, je commence à me dire que je ne pourrai pas faire cela toute ma vie et la solution facile est maintenant de me dire que je vais finir le projet que nous sommes en train de faire pour ne pas laisser mon boss dans marde. Comme je suis à contrat et qu'il doit être renouvelé à tous les ans au mois d'avril, je me dis que ça ne devrait pas être trop complexe. Malheureusement, la vie est rarement simple et je me rend vite compte qu'il y aura toujours quelques choses d'autre à faire. Mon ardeur au travail est moindre et je reçois même un blâme. Cela me fouette puisque je ne suis pas le genre à faire les choses de la mauvaise façon alors pendant un bon 6 mois je travaille mieux. Mais à chaque retour de vacances, c'est la même chose, je pète un plombs et je n'aimes pas ça perdre le contrôle de moi-même comme cela.

À l'hiver 2007, je décide d'aller consulter. J'ai besoin de travailler sur ma confiance en moi parce que je me perçois comme un moins que rien. J'ai consulté pendant quatre mois en mettant l'accent sur mes relations vis à vis les filles. Encore une fois, je me disais que si j'avais une copine, je broierais moins de noir et serait probablement plus heureux au travail donc plus productif donc plus de confiance en moi. C'est bien beau en théorie tout cela mais la vie, ce n'est pas de la théorie. Pendant un certain temps, ça m'a donné confiance en moi un peu plus mais en fin de compte, c'est Gitane qui m'a fait le plus de bien dans ce rayon, plusieurs mois plus tard...

Au printemps 2008, je me rend compte que ma théorie ne fonctionne pas trop. Je décide donc de faire le grand saut. Je prend rendez-vous chez l'orienteur afin de voir les possibilités qui s'offre à moi. Au début, j'y vais avec l'optique que je ne veut pas retourner à l'université mais avec tous les tests que je passe, les offres d'emploi en informatique que je regarde sur l'internet, je me rend compte assez rapidement que de changer d'emploi dans le même domaine n'est pas vraiment une solution à long terme. À la fin de l'été, le verdict tombe, je retourne à l'université en septembre 2009. Depuis ce printemps, tous les gens à qui je dis que je retourne à l'université me dise que je suis vraiment courageux de faire un retour aux études, que eux, ils n'y arriveraient pas. J'ai beau essayer de leur expliquer que je suis loin d'être courageux, que j'avais attendu le plus longtemps possible et que je m'étais mentis plusieurs fois afin de retarder cette décision, il n'y a rien à faire, je suis fort pour eux. Personnellement, avoir été vraiment fort, j'aurai fait comme mon ami Frank, j'aurai lâché le programme DEC-BACC après la première session de DEC et j'aurai étudié dans un domaine qui me plaît vraiment. Ma la vie étant ce qu'elle est, j'ai étudié près de 5 ans et travaillé 5 ans et 159 jours avant de prendre une sortie et de voir si cette route a plus ou moins de nid de poule.

1 commentaire:

Armand a dit...

Cher Bino,
Si on est certain d'en avoir les capacités, il faut voir grand: j'ai terminé ma vie de scientifique (optique diffractive) comme indépendant et cela m'a réussi car j'avais choisi un créneau assez étroit dans un domaine peu exploité à l'époque...
Mais, maintenant, l'informatique est partout, même dans mon ancien domaine!
Il faut toujours aller jusqu'au bout de ses rêves... Souviens-toi de la poésie "If" de Kipling!
"If you can make one heap of all your winnings
And risk it on one turn of pitch-and-toss,
And lose, and start again at your beginnings
And never breathe a word about your loss..."
Amitiés
P.S. Mais tout comme j'étais responsable de mon "ratage" éventuel, je ne te donne aucun conseil: à chacun son choix de vie!